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MORT BLANCHE ou entrer dans l'intimité du corail

Mort blanche, ou entrer dans l’intimité du corail


Mort blanche, ou entrer dans l’intimité du corail est une exposition fictive —se déroulant à l’Aquarium de la Rochelle— destinée à identifier et sensibiliser toutes les sources de nuisances impactant cette biodiversité immense que nous offrent les récifs coralliens. Pour ce faire, ce sujet est abordé sous l’angle du blanc, grand révélateur de leur condition. Même si les petits morceaux de coraux blancs que nous trouvons sur nos plages sont sublimes, il ne faut pas oublier que pour eux, cela est synonyme de mort. Notre vision est occultée par la beauté fascinante de ces petits animaux marins. Finesse et hybridité nous font oublier que ce sont des êtres fragiles qu’il faut préserver. Vulnérables à l’acidification des océans provoquée par le réchauffement climatique, les coraux font partie des espèces sous-marines les plus menacées.
Ce travail est le fruit de plusieurs mois de recherches textuelles, graphiques et plastiques et découle de mon mémoire sur le blanc dont la problématique finale était « Comment révéler et à la fois occulter par le blanc ? ». Passer du blanc au corail s’est fait de façon très fluide. Le blanc renvoie à la disparition, à la dépigmentation, aux ossements et donc par extension au corail, qui lors des forts épisodes caniculaires expulse ses zooxanthelles, algues symbiotiques lui apportant 70% de ses apports vitaux. Composés d’une multitude d’espèces les coraux constituent un très grand écosystème marin. Ils ne recouvrent que 0,2% de la planète mais on estime qu’ils abritent pourtant près de 25% de la biodiversité marine.
La planète se réchauffe, mais elle le fait trop vite.
Ralentir les pressions anthropiques nous permettrait de les préserver afin d’éviter qu’ils périclitent.

Ce projet se situant dans le domaine de la vulgarisation et de l’illustration scientifique n’exprime pas qu’une proposition plastique, il communique également des données, des informations scientifiques. Mort blanche est une exposition fictive comprenant neuf visuels format A3 tous accompagnés d’un schéma scientifique et d’un cartel explicatif —tirés de textes, du livre Étonnants récifs CNRS Éditions, de reportages Arte et schémas déjà existants— une scénographie et une édition qui se révèle être un complément d’exposition sans redites, une petite publication spécifique réalisée pour cette manifestation artistique.
Chaque visuel est composé d’un travail d’illustration en blanc avec la technique du collage —avec différents papiers traduisant diverses variations de blancs et donc leur pluralité— et de l’ajourage. Inspirée des œuvres de Rogan Brown et des collages d’Henri Matisse, je me suis également penchée sur Ernst Haeckel et William Saville Kent, biologiste marin pour la réalisation de mes visuels. De plus, j’ai réalisé une banque de textures blanches pour souligner certains éléments des illustrations. En ce qui concerne l’édition, elle se consacre essentiellement à l’idée de sensibiliser. Au sein de celle-ci il y a un côté un peu militant et dénonciateur et à la fois ; voire même paradoxalement, la mort est sublimée de par l’objet final obtenu et les illustrations raffinées présentent dans celle-ci. Cette édition a subit du biffage, j’ai tronqué des images, joué avec différentes opacités de blancs, j’ai joué avec les limites de la lisibilité et de l'illisibilité pour faire ressentir l’absence. Plus l’on avance plus l’on va vers le blanc, jusqu’à un retour vers le noir, qui marque une issue pour essayer de sauver nos récifs. La scénographie de l’exposition a un parti pris assez similaire puisque « Nous sommes au niveau 1 de l’aquarium, et pour passer de la région Indo-pacifique à l’espace des requins et tortues appelé l’infiniment grand, il y a un petit couloir, d’environ 6mx3m de large avec des boutures de coraux. L’exposition forme un N dans son sens de visite. Elle est accompagnée d’une signalétique au sol et au mur prenant la forme de fragments de coraux puis d’une masse blanche, qui lorsque l’on s’approche ne cesse de prendre de l’ampleur, masse blanche renvoyant évidemment au blanchissement corallien et par extension, à l’impact de l’Homme ».

Ce projet peut permettre à un public plus large d’accéder à l’information et la connaissance. En vulgarisant ce sujet scientifique par le biais d’une exposition je porte à croire que l’art peut aider le monde scientifique à représenter et expliquer l’invisible et surtout, il aide a soutenir la science. Il questionne et sensibilise, et peut-être apportera-t-il un déclic à certain.e.s d’entre vous.
Estelle Bordet
Tous les schémas ont été réalisés numériquement sur Procreate et Indesign
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